Le CMR du Canada fait ses adieux à John Matheson, père du drapeau national

Informations archivées

Les informations archivées sont fournies aux fins de référence, de recherche ou de tenue de documents. Elles ne sont pas assujetties aux normes Web du gouvernement du Canada et n'ont pas été modifiées ou mises à jour depuis leur archivage. Pour obtenir ces informations dans un autre format, veuillez communiquez avec nous.

2015-03-23

John MathesonBy Kyle Sinon, St. Lawrence College

" C'était de l'héraldique de base. La combinaison rouge et blanc est considérée comme la plus puissante en héraldique : c'est pour cela que le drapeau du Canada allie le rouge le plus intense au blanc le plus pur. Il fallait qu'il en soit ainsi! "

Voilà ce qu'expliquait John Matheson lors d'une entrevue qui a eu lieu en juin dernier, à propos de son choix de couleurs pour la réalisation la plus symbolique de sa vie : le drapeau national. John Matheson a rendu l'âme le 27 décembre 2013, à l'âge de 96 ans.

Une minute de silence a été observée en son honneur dans la salle commémorative de l'hôtel de ville de Kingston à l'occasion d'une cérémonie à la mémoire de Sir John A. MacDonald, premier titulaire du poste de premier ministre du Canada. John Matheson participait à cette cérémonie chaque année, et il a depuis joué un rôle fondamental dans la conception du symbole d'unité qu'est le drapeau du Canada; c'est pourquoi ce témoignage de reconnaissance lui a été voué tandis qu'au mur flottaient fièrement les drapeaux, rappelant aux membres de l'assemblée leur humble origine.

Le major-général Éric Tremblay, commandant de l'Académie canadienne de la Défense, et le brigadier-général Al Meinzinger, commandant du Collège militaire royal du Canada (CMR du Canada), accompagnés d'un petit détachement d'élèves-officiers, assistaient aussi à la cérémonie pour l'occasion, en témoignage de reconnaissance envers John Matheson pour son dévouement au pays et au CMR du Canada.

John Ross Matheson naquit à Arundel, au Québec, pendant la Première Guerre mondiale, plus précisément le 14 novembre 1917, soit quelques jours à peine après l'historique bataille de Passchendaele : des débuts appropriés pour un homme qui aurait par la suite une carrière distinguée dans les Forces armées canadiennes. John Matheson s'enrôla comme artilleur au sein de la 57e Batterie de campagne, RCA, de Québec, puis il poursuivit son instruction et son orientation militaires au Collège militaire royal tout en étudiant le droit à l'Université Queen's non loin de là.

Ardent champion du Collège militaire royal et participant régulier de nombreux événements cérémoniels du Collège - il faisait pour ainsi dire partie des meubles -, John Matheson était parfois aperçu traversant à bride abattue le pont-jetée LaSalle sur son scooter électrique pour ne pas manquer une cérémonie. En dépit de son âge respectable, il avait la réputation d'avoir beaucoup d'esprit, et il n'avait pas peur de montrer du doigt les " nerds " et les élèves-officiers dont le comportement lui paraissait inadéquat. Après l'obtention de son diplôme de l'Université Queen's au printemps 1940, John Matheson fut appelé à servir au sein de la 1re Brigade de campagne, RCA.

Gino Bruni, qui escortait John Matheson à l'occasion de la Fin de semaine des anciens 2009, garde un souvenir attendri de son interaction avec le " Juge ". " Les anciens élèves-officiers devaient défiler devant le Mur d'honneur, raconte-t-il. On m'a demandé d'escorter le juge Matheson jusqu'au mur, où il était censé y avoir un officier ou un ex-officier haut gradé pour recevoir le salut durant le défilé. Malheureusement, l'officier en question n'était pas au rendez-vous. Le juge Matheson était au bon endroit au bon moment : il a reçu le salut à la place de l'officier! Et ça ne l'a pas dérangé du tout. "

Grièvement blessé à la tête pendant la campagne d'Italie de la Deuxième Guerre mondiale, John Matheson fit la connaissance de sa future épouse, Edith (née Bickley), alors assistante en radiologie, à l'hôpital montréalais où se déroulait sa convalescence après la guerre. La jeune femme était fascinée par la complexité de sa blessure : une intrusion permanente de six éclats d'obus dans le crâne… Après un rétablissement tenant du prodige, John Matheson épousa Edith Bickley, avec qui il eut six enfants.

Le lieutenant-colonel retraité des Forces armées canadiennes Ron Matheson, son fils, se rappelle sa philosophie de vie. " C'est ainsi qu'il a vécu sa vie, et c'est ce que j'ai dit à mes frères et sœurs : je pense qu'il s'était débrouillé pour conclure un pacte avec la providence! Il ne s'attendait pas à survivre à cela [son expérience de guerre] ", a affirmé Ron Matheson dans l'édition du Kingston This Week du 9 janvier.

Après sa convalescence, John Matheson devint député de l'ancienne circonscription de Leeds, poste qu'il occupa pendant plusieurs mandats successifs avant de devenir juge dans le district judiciaire d'Ottawa-Carleton. Il occupa aussi différents postes à titre honoraire au 30e Régiment d'artillerie de campagne, RCA, avant de prendre sa retraite des Forces armées canadiennes en tant que colonel en 1982.

Au cours de sa carrière de député de Leeds, John Matheson était à la tête du comité parlementaire bipartite chargé de la conception de l'actuel drapeau du Canada, dans laquelle son expérience en héraldique a joué un rôle important.

Non seulement John Matheson a-t-il été étroitement investi dans la création du drapeau national, mais il a aussi joué un rôle clé dans l'établissement de l'Ordre du Canada, auquel il a lui-même été intronisé en 1994. " L'idée derrière la création de l'Ordre du Canada, a expliqué John Matheson, était de pouvoir rendre hommage aux grands hommes canadiens de tous rangs et non uniquement aux bureaucrates, juges, avocats, généraux et politiciens. "

Juriste, militaire et fonctionnaire accompli, John Matheson lègue à la postérité plus qu'un simple nom ou titre : pour les générations à venir, il restera toujours un grand patriote et un Canadien distingué.

Date de modification